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| DR - SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA |
A Strasbourg, ce ne sont pas les boutiques qui manquent. Les consommateurs peuvent facilement trouver l’article adéquat, sans avoir à parcourir 20 km pour s’emparer de la perle rare. Cependant, lorsqu’il s’agit de faire attention à ses dépenses, la tâche se complique.
Jusqu’en 2001, les acheteurs avaient deux options. Soit attendre les soldes fixes (de juin à juillet en été et de janvier à février en hiver), soit espérer que les soldes flottants aient lieu rapidement dans leurs boutiques favorites. Les soldes flottants, premiers dérivés des soldes traditionnels, offrent chaque année aux commerçants le choix de deux semaines de « braderie ». « Cela nous permet de proposer à notre clientèle une remise plus ou moins importante sur une sélection d’articles et nous permet d’écouler les stocks en vue des prochains arrivages » confie Sandrine, vendeuse pour une grande enseigne de prêt à porter suédoise. Écouler les stocks, cela se traduit dans le langage commercial par vendre les invendus. Or, rares sont ceux qui achètent ce qui ne se vend pas, même à prix réduit.
Le pouvoir attractif des centres commerciaux
Dans le centre commercial Rivetoile, la foule afflue avec des paquets plein les bras. Noël était l’occasion pour de grandes enseignes de cosmétiques de proposer des réductions et bonnes affaires à un moment de l’année où nous sommes tous incités à acheter. Les -20% côtoient diverses actions marketing comme « 1 produit acheté, votre préféré offert ». Autrement dit, de quoi amener tout innocemment le consommateur à remplir son panier.
Au détour d’une allée, une enseigne de prêt à porter féminin espagnole et très populaire déroge à la règle. Ici, si l’on veut acheter, on paye le prix fort, surtout avant les fêtes. Et pourtant, la queue devant les caisses annonce 20 bonnes minutes d’attente. Dans la file d’attente, Claire, étudiante mode et design à Paris, raconte : « Le problème avec les soldes, c’est qu’il faut toujours attendre une période donnée pour pouvoir se faire plaisir. Et d’ici là, nos envies changent. Donc ce qu’on veut acheter maintenant, comme les cadeaux de Noël par exemple, on le prend directement en magasin au prix fort ». En effet, il est difficile d’attendre lorsque nos besoins, aussi primordiaux soient-ils, réclament une réponse instantanée. La solution miraculeuse ? « Si on ne veut pas acheter au prix fort, il faut aller sur les sites de ventes privées, il n’y a que là qu’on fait de bonnes affaires toute l’année » croit savoir Anita, mère au foyer.
Ventes privées : gain de temps et d’argent
Souvent sous invitations, les ventes privées font le bonheur de plus en plus de consommateurs. D’abord organisées dans de grands espaces de vente sous forme de déstockage géant, ces opérations font un véritable carton sur le net. Un succès amplifié avec la récente crise économique. « Le coût de la vie est de plus en plus cher aujourd’hui. Quand j’achète, je recherche toujours les prix les moins élevés » explique Eric, étudiant et serveur dans une brasserie du centre commercial les Halles. Et les prix minis, c’est bel et bien là le secret des ventes privées mises au goût du web en 2001 par le site venteprivée.com. Une manière innovante de lancer une toute nouvelle tendance, à l’heure où les Français ont de moins en moins de temps à consacrer à leurs achats.
Les sites de ventes privées proposent chaque jour et dans un délai réduit de nouvelles ventes à prix cassés, et ce, dans tous les domaines : textile, prêt à porter, accessoires, mobilier, électro-ménager… et même alimentaire ! Les consommatrices rencontrées au fil des boutiques sont unanimes : « Ce genre de site est vraiment top. On y trouve de tout, on paye moins cher, et on ne perd pas du temps à se faire piétiner dans les grandes surfaces » assure Nathalie, bloggeuse à la recherche de bonnes affaires sur le net, mais qui aime tout de même voir ce qui se fait en boutique. Avec plus de 4 millions* de consommateurs chaque mois, l’habillement en ligne n’a pas de soucis à se faire.
L’ascension des vides-dressing
Autre révolution du net : les vides-dressing. On connaissait la friperie du coin qui revendait des articles d’occasion pour les amateurs de vintage et de marques qui ne ruinent pas le porte-monnaie. Bienvenue dans l’ère du web 2.0 où 63% des femmes font leurs achats sur ces sites de revente en ligne*. Ici on vend ce qu’on ne met plus, on échange, on compare… Et on a le choix : Vestiaires collectifs (anciennement Vestiaire de copines) pour les adeptes du luxe branché et des grandes marques ou encore videdressing.com pour les plus modestes en quête d’un large choix de vêtements de marques abordables. Tout le monde y trouve son compte.
« Je vais assez souvent sur ces sites pour renouveler ma garde robe. Je revends des articles, et avec ce que je gagne, je peux en acheter de nouveaux, plus tendances. C’est un bon moyen de ne pas stocker inutilement des vêtements dans son placard, et de les renouveler sans trop dépenser », ajoute Nathalie, une adepte convaincue.
Des « soldes » toute l’année
Pourquoi attendre les soldes en magasin quand internet en fait toute l’année ? Les géants du commerce généraliste en ligne tels qu’Amazon, Priceminister, Mistergooddeal, Cdiscount ou encore Rue Du Commerce regroupent divers ensembles de produits vendus à prix cassés (loisirs, décoration, informatique, électronique…) Un petit tour en quelques clics sur ces sites et nous y voilà : le paradis de la promotion. Dès l’ouverture de la page, les réductions clignotent de tous les côtés, et les « prix rouges » ne sont pas ici ceux qu’il faut éviter, bien au contraire ! Un choix multiple d’articles neufs mais issus d’anciens modèles sont proposés. Plus besoin d’attendre. La commande se passe en un 1 minute top chrono. Les délais de livraison sont relativement courts et les bonnes affaires ici, c’est 365 jours par an.
Comparé aux sites spécialisés mode et chaussures, dont la cible est plus féminine, le commerce généraliste n’est pas encore devenu un réflexe automatique pour les consommateurs, même si pour l’habillement, il regroupe près d’un cyberacheteur sur deux*. Le marché de la vente en ligne a beau être un concurrent de taille, il engendre néanmoins des aspects négatifs : question sur la fiabilité du paiement, frais de livraison, impossibilité de voir ou d’essayer le produit avant l’achat, des services et conseils impersonnels…
Et les soldes dans tout ça ?
Difficile d’imaginer pouvoir stopper les acheteurs compulsifs et férus de mode sur internet. Difficile aussi d’imaginer une vie sans soldes. Car même si la question de leur perte de vitesse se pose actuellement, les soldes attirent toujours les plus curieux, et donc bien souvent, des acheteurs. Autre fait : les soldes servent à vendre, et on ne parle pas là des anciennes collections, mais des nouvelles. Celles qui brillent, qui nous donnent envie, et attirent parce qu’elles dévoilent de nombreuses nouveautés. Combien sont-elles celles qui ne sont jamais reparties avec des articles non soldés à la main en période de soldes ? Il n’y a pas donc pas de quoi s’inquiéter : nombreux sont ceux qui continueront de se précipiter dans les magasins à l’heure des pancartes rouges !
C.DSH
* d’après une étude de Kantar Media Complete
